Pourquoi et comment financer une communauté d’apprentissages ?

Nous sommes dans une période de révolution de la formation. Les innovations pédagogiques abondent, et certaines, comme les groupes et communautés d’apprentissages, soutenues par le développement du numérique, sont en plein essor. Le Koweb Kafé s’inspire de ces innovations et se pose une question : comment financer ce modèle alternatif ?

La communauté d’apprentissage : un nouvel espace de formation difficile à financer

Dans une communauté ou une groupe d’apprentissage, l’enseignant devient facilitateur ou tuteur et les apprenants construisent leur parcours sur-mesure. Le groupe ou la communauté permettent de trouver des alliés, des ressources et des occasions de mise en pratique. Ainsi, les principes d’une animation favorisant l’intelligence collective sont appliqués au domaine de la formation.

Ces communautés sont très efficaces car elles décentralisent la production de contenu et augmentent la motivation des apprenants.

Leur déploiement est tout de même freiné par un manque de moyens. La plupart ne sont pas éligibles aux financements publics et privés de la formation. Elles rentrent difficilement dans les cases qui sont conçues pour l’ancien monde de la formation : un programme qualifiant, un enseignant, un contenu garantit, des apprenants dans une salle de classe, ...

Ainsi, les communautés d’apprentissages comme celles des Jardins du Nous, d’Apprendre ensemble ou du Koweb Kafé ne bénéficient pas de ces financements, et reposent sur un investissement bénévole conséquent.

Tout en encourageant les politiques publiques à évoluer, nous avons besoin de trouver des modèles économiques pour ces organisations qui réinventent la formation. Cette création d’un service, la formation, par et pour une communauté, est un des fondements de l’économie sociale et solidaire. Si l’on regarde de ce côté, du haut de 200 ans d’expériences, on devrait trouver quelques inspirations, comme la notion d’économie plurielle.

S’inspirer de l’économie sociale et solidaire pour inventer un modèle économique

L’économie ne se résume pas à sa dimension monétaire et à sa dimension marchande. Une des idées les plus opérationnelles qu’amène l’économie sociale et solidaire, c’est qu’elle distingue ainsi 3 types de ressources :

• Ressources marchandes : la vente de produits et services
• Ressources non-marchandes : les aides de l'État, les dons monétaires
• Ressources non-monétaires : les dons en temps ou en matériel

Ainsi dans la phase de démarrage d’un projet ou plus généralement dans des projets socialement innovants, les ressources marchandes et les aides de l'État sont souvent faibles. Il reste donc principalement le levier des dons monétaires ou non monétaires. C’est ainsi que beaucoup de projets de grande qualité sociale fonctionnent essentiellement grâce au bénévolat. Mais comme nous vivons dans une société où l’argent est indispensable pour ne pas dire central, il est nécessaire de récolter aussi des dons monétaires pour que ces organisations puissent se professionnaliser, se déployer et se pérenniser.

Le don, carburant naturel des communautés

Par rapport à l’achat, le don a plusieurs avantages car il s’adapte à l’appréciation de la valeur, à l’envie de soutien et aux moyens.

Choisir à qui et combien donner n’est pas aisé. C’est une véritable pratique d’économie humaniste et de développement personnel.

Ce savoir-faire n’est pas vraiment cultivé dans nos sociétés marchandes et utilitaristes, où chacun est encouragé à payer le moins possible pour avoir le plus possible, ce qui est juste impossible dans une vision globale, interconnectée.

Pour toutes ces raisons, le Koweb Kafé mise d’abord sur le don monétaire pour pérenniser financièrement l’animation de la communauté d’apprentissages qui s’y est développée. Cela nous permettra de continuer à faire des formations entièrement gratuites, d’en partager librement les contenus, et d’avoir du temps pour faciliter les apprentissages personnalisés, les initiatives et l’entraide dans la communauté.

 Développer et faire connaître ses compétences

A l’image du monde du logiciel libre, l’autre face du modèle économique est que les contributeurs-trices à ces communautés de production développent des savoir-faire et des réseaux qui leur facilitent l’accès à des missions rémunérées par des entreprises utilisant ces logiciels. Ainsi le Koweb Kafé permet à ses participants, et en particulier à ceux qui contribuent le plus activement, d’accélérer leurs apprentissages et de les valoriser au sein et à l’extérieur de la communauté.

Quelques ressources pour aller plus loin :

1. Un site participatif sur les innovations pédagogiques : Innovation Pédagogique
2. Le livre Les communautés d'apprentissage aux éditions ESF. 2016 - APPRENDRE AUTREMENT par Denis Cristol.

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